Quel est votre quotidien en tant que mandataire judiciaire à la protection des majeurs ?
Aurélie Garnerone : « Un des points positifs de ce métier est qu’il est très varié : on ne s’y ennuie jamais. Dans une même journée, on peut traiter un dossier de succession, on peut faire de la médiation entre une aide à domicile et un majeur protégé, on peut rendre visite à une personne dont on s’occupe parce qu’une opération est prévue et qu’il faut vérifier qu’elle en a bien compris les enjeux médicaux, etc. Le métier comprend des tâches administratives à exécuter au bureau, mais aussi des déplacements réguliers auprès des personnes que l’on accompagne. En effet, bien accompagner une personne nécessite au préalable de la connaître pour savoir comment l’aider au mieux. Nous ne travaillons qu’en semaine, il n’y a pas d'astreintes le soir ou le week-end. »
Eulalia Carvalho Costa : « Mes journées sont rythmées d’une part par les besoins des personnes, sachant que l’on est joignable par mail et par téléphone, d’autre part par les visites des personnes que j’accompagne soit à leur domicile, soit en établissement (foyers de vie et EHPAD) – je me déplace sur mon secteur, en Lozère, durant un jour et demi à deux jours par semaine pour leur donner des informations sur leur dossier et pour recueillir leurs besoins, toutes n’ayant pas la capacité de téléphoner. Nos interventions couvrent des problématiques d’ordre financier, administratif, sanitaire, familial, etc. Les mandataires judiciaires à la protection des majeurs ne travaillent pas seuls : ils sont aidés par les assistants tutélaires, qui fournissent une double vigilance sur tous les aspects administratifs. »
Quelles sont les compétences requises pour exercer le métier de mandataire judiciaire à la protection des majeurs ?
Aurélie Garnerone : « L’envie d’aider les autres me semble indispensable. Il faut aussi avoir de vraies capacités d’organisation, car il y a une grosse charge de travail dans des domaines très variés. »
Eulalia Carvalho Costa : « Il faut être polyvalent, savoir s’adapter aux situations, ainsi qu’aux personnes accompagnées car toutes sont différentes et ne présentent pas les mêmes capacités. Il faut aussi savoir être à l’écoute et prendre de la hauteur sur la situation pour pouvoir accompagner les personnes au mieux – nous avons un groupe d’analyse de la pratique tous les trimestres, et des réunions tous les lundis matin avec l’ensemble de l’équipe des mandataires et la direction afin de prendre des décisions en commun à propos des situations les plus complexes. Nous ne travaillons jamais seuls. »
Sources : ministère des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes, étude « Près d’une personne sur dix bénéficie d’une mesure de protection juridique après 90 ans » (27 septembre 2024) sur le site du ministère de la Justice